lundi, juin 23, 2008

Union pour la Méditerranée : les vraies intentions de Sarkozy

Depuis 1948, date de la création d’Israël en lieu et place de la Palestine, les guerres et les accrochages permanents se sont succédés aux pourparlers de paix, aux processus de paix, aux réunions, forum et accords. Les bonnes intentions et résolutions n’ont jamais eu raison de l’intransigeance israélienne.

De ce fait, les pays arabes se méfient maintenant de toutes les réunions et unions avec Israël. Le dernier en date, est le processus de Barcelone de 1995, conséquence directe des accords d’Oslo, où les espoirs d’une paix juste et globale dans la région avaient suscité l’adhésion de tous. Là, tous les dirigeants arabes avaient siégé à la même table que les dirigeants israéliens. Mais hélas, une fois de plus, les termes de ce nième processus sont restés lettres mortes en raison de l’intransigeance d’Israël (l’Etat palestinien n’a pas été créé, construction du « mur d’enclavement » des territoires palestiniens, création de plusieurs centaines de nouvelles colonies depuis, bouclage des territoires fréquents, massacre de 3 983 civils depuis 1995, etc.).

Echaudés par ces expériences, les pays arabes ont insisté pour que les questions politiques et le processus de paix ne soient pas délaissés au sein de l'UPM, lors d'une réunion à Bruxelles de hauts fonctionnaires du "processus de Barcelone" le 8 avril dernier. Les représentants français, ce jour-là, ont préféré discuter de projets divers, comme la dépollution de l'eau ou la création d'un espace universitaire méditerranéen. Cette réaction laisse présager de ce que Sarkozy veut obtenir pour Israel des pays arabes sans rien promettre à ces derniers en retour. Les analystes politiques s’accordent à dire que le sommet du 13 juillet à Paris sera un Barcelone bis. Il servira au moins à dévoiler les vraies intentions de Sarkozy.

En raison de l'image "pro israélienne" de M. Sarkozy et de son ministre des affaires étrangères, Bernard Kouchner (Le Monde du 02 mai 2008), les pays arabes ont toutes les raisons de se méfier des arrières pensées du Président français.

Ses intentions sont doubles :

- sortir Israël de son isolement politique et économique en normalisant les relations entre ce dernier et les pays arabes du bassin méditerranéen sous prétexte de la création de l’UPM

- Diviser le monde arabe en deux, ceux qui auront pris part aux accords de l’UPM et les autres en raison du non respect par les premiers des accords de Beyrouth de 2002.

Or Sarkozy n’ignore pas que le processus de normalisation entre Israël et les pays arabes dépend de l’application par l'Etat hébreu des résolutions internationales, reprises lors du sommet des pays arabes à Beyrouth en 2002, réclamant l'évacuation des territoires palestiniens occupés en 1967 et la création d'un Etat palestinien. Cette résolution a été confirmée par le dernier sommet arabe de Ryad.

C’est donc volontairement et dans le but non avoué de créer une scission dans le monde arabe qu’il projette la création de l’UPM.

Pour éviter l’absence des pays arabes au sommet du 13 juillet de Paris, le Président français s’est attaché à distribuer les cadeaux. Il a promis à Moubarak la "coprésidence" de l'UPM, fait miroiter à Ben Ali la création en Tunisie d’un secrétariat de l'UPM et négocie avec l’Allemagne d’un statut privilégié au sein de l’UE pour le Maroc. Les dirigeants de ces trois pays devraient par conséquent être présents à Paris ainsi que le nouveau Président Libanais, dont la présence est également assurée depuis le récent déplacement au Liban de Sarkozy.

Les Présidents syriens, algériens et libyens, habituellement conséquents avec eux-mêmes, n’accepteront jamais de siéger aux cotés d’Olmert tant que les massacres quotidiens de palestiniens n’auront pas cessé.

Le président français effectue en ce moment une visite en Israël, soit deux semaines avant le sommet de l'Union pour la Méditerranée. Cette visite est attentivement suivie par les dirigeants arabes, visite au cours de laquelle Sarkozy devrait offrir un partenariat renforcé entre Israël et l’UE. Je pense

Il appartient à tous les Français de se poser légitimement cette question : Sarkozy défend-il plus les intérêts français au sein de l’UE et de l’hypothétique UPM ou ceux d’Israël ?